A Rennes, La Feuille d'Erable convertit sa flotte au bioGNV

A Rennes, La Feuille d'Erable convertit sa flotte au bioGNV
Entretenant diverses boucles d’économie circulaire autour du recyclage, du réemploi et du nettoyage, La Feuille d’Erable met tout en œuvre pour préserver les ressources et l’environnement des Rennais. La conversion progressive au bioGNV de la flotte des véhicules de collecte en est un exemple. Directeur adjoint de la structure, Arthur Girard nous fait entrer dans les coulisses de cette association devenue entreprise pour coller avec l’évolution des besoins et activités.
 

De l’association à la SAS

Quand on entend pour la première fois le nom « La Feuille d’Erable », on se doute que derrière il y a une histoire peu commune et engagée : « La structure a été créée en 1983 sous la forme d’une association par un groupe de militants écolos qui ont souhaité recycler les papiers des Rennais. Auparavant, ces déchets étaient incinérés ou enfouis. Nos métiers historiques sont ceux de la logistique pour la collecte des déchets du tertiaire, comme le papier et le carton. Nous faisons aussi du lavage de contenant, de l’animation et de la formation, etc. » nous explique Arthur Girard, directeur adjoint de la structure.
 
L’implication et le sérieux de l’association ont été largement reconnus : « Elle a grandi peu à peu, travaillant pour la collectivité et développant l’insertion de personnes en rupture avec le monde du travail ou, depuis 2019, en situation de handicap. En 2012, le constat a été fait que la manière de mener la structure se rapprochait de celle d’une entreprise. L’association n’était plus adaptée à la flexibilité dont nous avions besoin ». Une entreprise peut sans doute apparaître plus rassurante vue de l’extérieur : « Nous allons chercher des clients de plus en plus importants, de grands groupes par exemple. Une SAS du même nom a été créée, appartenant à l’association. Il n’était pas possible de prendre la forme d’une SCIC ou d’une Scope, car quelques salariés ne voulaient pas s’impliquer dans la structure. C’est leur liberté ».
 
En effectif, « la Feuille d’Erable compte aujourd’hui 90 personnes, dont 60 sont sous contrat d’insertion. Il reste 30 permanents dont 12 sont des associés à parts égales dans la SAS. Pour être actionnaire, il faut être salarié depuis un certain temps et vouloir s’impliquer ».

 

En fonction des stations accessibles

En plus de sa présence à Rennes, La Feuille d’Erable a aussi ouvert, en 2009, une antenne à Lorient. La flotte des véhicules de la structure morbihannaise n’est pour l’instant pas concernée par la conversion au bioGNV : « Il n’y a sur place qu’une seule station qui délivre ce carburant. En cas de problème, il faudrait aller jusqu’à Vannes [NDLR : A une cinquantaine de kilomètres]. Pour que nous envisagions de passer les véhicules de Lorient au biogaz, il faudrait au minimum 2 stations accessibles en moins de 15 minutes ».



La conversion à l’électrique n’est pas davantage d’actualité : « Le gap est beaucoup plus important entre le diesel et l’électrique qu’entre le diesel et le bioGNV. Il faut multiplier les prix par trois pour une benne à ordures ménagères électrique. L’écart est trop important pour que nous puissions le répercuter dans nos prix auprès de nos clients du secteur privé. C’est différent dans le secteur public qui peut accepter de faire des efforts en cohérence avec leur positionnement ».
 
En raison d’un réseau de distribution plutôt bien développé, la situation est très différente à Rennes où le bioGNV a déjà été testé dans l’entreprise : « Nous avons plusieurs stations autour de nous, dont une AS24, une GN Drive, une Engie et les BMGNV du syndicat départemental de l’énergie. C’est pourquoi nous utilisons déjà un camion porteur et un utilitaire fonctionnant au bioGNV. Nous avons aussi deux Fiat Doblo GNV/essence. En raison des récurrentes opérations de maintenance, s’il n’y avait eu qu’une aux deux stations d’avitaillement dans notre secteur, nous ne serions jamais allés sur le biogaz ».
 

Nouveau marché porteur

A ce jour, La Feuille d’Erable ne s’est pas engagée auprès des réseaux de distribution sur des quantités mensuelles minimales : « Afin de conserver une flexibilité nécessaire, nous nous rendons dans les stations librement, au nord comme au sud de Rennes, à l’est comme à l’ouest, en fonction des tournées. Nous avons toutefois besoin aujourd’hui de nous sécuriser sur les prix aux distributeurs du kilo de bioGNV. Ainsi auprès de BMGNV ».
 
Arthur Girard se souvient des promesses faites dont certaines n’ont pas été concrétisées : « On nous avait dit que comme entreprise du territoire, nous nous y retrouverions économiquement avec la possibilité de suramortissement, l’aide de l’Ademe que nous n’avons jamais eue, des prix intéressants du kilo de bioGNV qui ont finalement été multipliés par 2 ».
 
C’est dans le cadre d’un gros marché public qui vient d’être remporté que La Feuille d’Erable va passer une partie importante de sa flotte au biogaz : « C’est un marché de 8 ans avec Rennes Métropole pour collecter les papiers, cartons, et cagettes. Ces dernières sont en bois de peuplier non traité. Avant elles terminaient à la poubelle. Nous interviendrons à la fin des marchés pour les récupérer ».

 

Conversion progressive sur environ 2 ans

En charge de la coordination du groupe désormais structuré par la holding La Feuille Durable, Arthur Girard a une idée très nette de la composition de la flotte rennaise à l’été prochain : « Concernant les plus de 3,5 tonnes, nous aurons 22 véhicules, dont 10 utilitaires parmi lesquels des fourgons et des caissons de 15-20 m³. Les 12 autres seront des porteurs, essentiellement des bennes à ordures ménagères, un camion-grue et le dernier avec une caisse de 40 m³ pour nos activités de désarchivage ».
 
Cette projection fait suite au nouveau marché remporté auprès de Rennes Métropole : « Dans ce cadre, nous renouvelons une grande partie de notre flotte. Aux véhicules fonctionnant au bioGNV que nous avons déjà vont s’ajouter 7 camions porteurs Scania de 19 et 26 tonnes, plus 4 utilitaires. Concernant ces derniers, nous avions le choix entre des Iveco et des Iveco. La raréfaction de l’offre des constructeurs est un vrai problème pour les acheteurs ».
 
A terme, tous les véhicules à partir de 3,5 tonnes seront au biogaz à Rennes : « Nous nous sommes donnés cette ambition qui se concrétisera progressivement en fonction du renouvellement de la flotte. Certains de nos véhicules sont encore récents et peu kilométrés. On peut raisonnablement penser que d’ici environ deux ans, c’est-à-dire en 2027, le parc sera entièrement converti au bioGNV ».

 

Un dynamisme territorial à accompagner

Aujourd’hui, La Feuille d’Erable cherche à se protéger des aléas potentiellement coûteux concernant la mobilité au bioGNV : « Nous avons sécurisé nos services pour notre marché public de telle sorte à ne pas être perdant si le prix du kilo de bioGNV augmentait. Nous avons la chance d’être sur un territoire qui veut beaucoup développer la méthanisation. Nous voulons favoriser l’offre en matière de gaz vert. GRDF est pour nous force de conseil, nous permettant de rencontrer les bons interlocuteurs. Nous avons la super chance d’aller visiter en avril prochain une unité de méthanisation à Noyal-sur-Vilaine ».
 
L’entreprise est également rassurée concernant l’entretien de ses véhicules GNV/bioGNV : « Nous bénéficions d’une prestation full service qui comprend l’entretien général, la partie gaz, la carrosserie, etc. Par ailleurs, nous avons été approchés par une société qui peut envoyer un petit camion pour effectuer un appoint de gaz si nous tombions en panne sèche. Jusque-là, si ça arrivait, il fallait avoir recours à une dépanneuse par poids lourd avec une prestation lourdement facturée, dans les 1 500 euros ».
 
Arthur Girard apprécie la démarche globale de Rennes Métropole : « Nous avons la chance que la collectivité cherche à s’affranchir des motorisations classiques. Du temps où Suez s’occupait du marché public de la collecte des ordures ménagères, 40 véhicules au gaz ont été utilisés. En revanche, depuis que Derichebourg a remporté tout récemment le marché, ce sont des camions fonctionnant au B100 qui ont pris leur place. Ce qui fait un petit trou d’air pour le biogaz. Le réseau Star des transports en commun s’est quant à lui équipé de 50 autobus électriques ».
 

Animation et formation

L’énergie et les biodéchets sont de plus en plus liés. Ce qui nécessite souvent d’imaginer différents moyens pour en informer le public, ou plutôt tous les publics. La Feuille d’Erable développe pour cela des activités d’animation et de formation. « Sept personnes chez nous sont dédiées à ces services. L’année dernière, elles ont réalisé 500 séances d’animation, en particulier auprès des scolaires, sur le thème de l’énergie. Les élèves ont pu monter en classe de petites maquettes 3D en carton. Ce qui illustre bien notre activité de collecte des déchets ».



D’autres publics bénéficient de l’expertise des collaborateurs de La Feuille d’Erable : « Nous avons un atelier 2 tonnes avec une fresque du climat qui peut s’adresser au personnel des entreprises. Il s’agit de sensibiliser avec une approche très ludique. Afin de favoriser la compréhension des sujets que nous traitons, nous créons des supports pédagogiques. Nous sommes intervenus pour des cours sur la transition énergétique, parfois même auprès d’élèves du cycle supérieur. Ainsi pour une école de commerce ».
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Arthur Girard pour sa réactivité, son accueil téléphonique et le temps pris pour répondre à nos questions. Un grand merci également aux équipes de GRDF qui nous ont facilité la mise en relation.


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