Pour le député Jean-Luc Fugit, les voitures et utilitaires bioGNV ont toujours un avenir

Pour le député Jean-Luc Fugit, les voitures et utilitaires bioGNV ont toujours un avenir
Élu dans la onzième circonscription du Rhône, Jean-Luc Fugit appelle à ne pas opposer les énergies
Les États membres de l’Union européenne ont voté la fin des voitures particulières et des utilitaires légers thermiques pour 2035. Ce qui semblerait condamner les modèles fonctionnant au biogaz. Également scientifique, le député Jean-Luc Fulgit n’est pas de cet avis et compte bien continuer à défendre sa position. Nous l’avons interrogé à ce sujet.

S’il y a bien à l’Assemblée nationale un député qui comprend parfaitement la situation de la mobilité au biogaz sur fond de développement durable et de lutte contre le dérèglement climatique, c’est bien Jean-Luc Fugit. Élu dans la onzième circonscription du Rhône, ce fils de paysan (celui qui entretient le pays, comme me disait souvent avec fierté le père de mon épouse), est d’abord un scientifique, enseignant-chercheur en chimie et docteur en pollution de l’air diplômé de l'Institut national polytechnique de Toulouse. Son engagement pour une meilleure qualité de notre environnement et une mobilité durable capable de s’inscrire dans les enjeux actuels, il l’exerce en particulier comme président du Conseil national de l’air et vice-président de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques). 

Dans le viseur : les énergies fossiles

Jean-Luc Fugit a aussi été rapporteur pour la loi d'orientation sur les mobilités, dite Lom, attaché à tous les sujets du titre IV « Développer des mobilités plus propres et plus actives ».

« Rappelons une des bases de la loi Lom qui classe les énergies en fossiles, nucléaire et renouvelables. Il s’agit de sortir progressivement des énergies fossiles en s’appuyant sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Peut-être qu’ensuite, les générations futures pourront sortir du nucléaire », lance le député. « A l’origine, en 2019, la Loi Lom fixe pour 2040 la fin des véhicules utilisant des énergies fossiles carbonées, mais pas de tous les thermiques. Ce sont les termes de désaccord avec la position européenne. Il ne s’agit pas d’opposer les technologies de motorisation, mais de se positionner sur les carburants », corrige-t-il.

L’agriculture face au défi de la production d’énergie

Avec le sénateur Roland Courteau, Jean-Luc Fugit est rédacteur du rapport « L’agriculture face au défi de la production d’énergie » pour l’OPECST. On peut lire en particulier dans la fiche de synthèse : « Au moment où la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique appellent à renforcer le développement des énergies renouvelables et où l’agroécologie permet de penser les productions agricoles à la lumière des fonctionnalités offertes par les écosystèmes, l’agriculture peut jouer un rôle pivot dont nous ne pouvons ni ne devons faire l’économie ». Et aussi : «  L’agriculture permet de mobiliser des terres et des matières premières nécessaires à la production d’électricité, de gaz, ou de carburants ». Ou encore : « Ce n’est ni une question secondaire ni un enjeu conjoncturel, mais un sujet majeur aux multiples implications pour l’environnement et le climat ». Il y est question de valorisation des déchets, de priorité donnée aux cultures alimentaires, de mobilisation de la biomasse, de développer de manière prioritaire la méthanisation, et de la coupler le plus souvent possible à la méthanation.

Le bioGNV est nécessaire... il ne faut pas opposer les sources entre elles

« En s’attachant à l’analyse du cycle de vie, le biogaz obtenu par méthanisation et méthanation est une solution intéressante pour valoriser des matières déjà existantes. Il ne s’agit pas d’une production fossile. L’analyse du cycle de vie sur l’année montre une très forte réduction du CO2, mais aussi des oxydes d’azote et des particules », indique Jean-Luc Fugit.

« Comme vice-président de l’OPECST, je dis qu’il faut sortir des énergies fossiles pour le bâtiment et la mobilité. Comme scientifique, je préviens que le bioGNV est nécessaire. On a besoin de cette solution. Il ne faut pas opposer les sources entre elles. L’électrique, l’hydrogène et le bioGNV doivent pouvoir être combinés », assure-t-il. « C’est cette position que je souhaite défendre auprès des autorités françaises et c’est ce que nous avons inscrit dans la loi Lom », plaide-t-il. 

Méthanisation/Méthanation

« Avec la méthanisation, on récupère de l’ordre de 55-60 % de biogaz. Le reste, c’est du CO2, qu’il est possible de combiner avec de l’hydrogène, selon le principe de la méthanation, pour obtenir du méthane. On a alors au final 100 % de méthane décarboné », défend-il. Ce qui va dans le sens de la proposition numéro 10, sur les 20 recommandations exprimées dans le rapport OPECST : « Développer de manière prioritaire la méthanisation, la coupler le plus souvent possible à la méthanation, mobiliser la biomasse au service de la bioéconomie et accroître les ambitions trop modestes de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sur le biogaz ». Le vice-président de l’Office parlementaire souligne : « Il ne faut jamais oublier que la recherche nous aide à trouver des solutions nouvelles ».

« Il y a une volonté politique de soutenir la production de biogaz, en valorisant les déchets, mais pas en mobilisant des terres vivrières pour produire des cultures spécifiques. J’encourage une certification du biogaz et l’injection dans le réseau », rappelle Jean-Luc Fugit. Ce dernier point fait d’ailleurs l’objet de la proposition numéro 11 dans le rapport : « Défendre le droit à l’injection du biogaz et encourager le raccordement au réseau national de gaz des installations existantes ».

Le véritable combat est de sortir des énergies fossiles

« La loi Lom prévoit un état des lieux tous les 5 ans. Le premier est programmé en 2024. Nous évaluerons où nous en sommes concernant les énergies pour la mobilité. Je vais apporter en éclairage que le bioGNV a toute sa place en raisonnant sur l’analyse complète du cycle de vie. Ce qui sera suivi d’un débat au Sénat et à l’Assemblée nationale », prévoit Jean-Luc Fugit. « Je vais insister sur le fait que le véritable combat est de sortir des énergies fossiles. La production de biogaz va augmenter avec la mise en œuvre, fin 2023, de la collecte massive des déchets. Le biogaz, c’est aussi une question de territoire. Dans les milieux ruraux, ça a du sens. Et pour les secteurs urbains, il est possible d’imaginer des micro-unités de méthanisation », illustre-t-il.

Les constructeurs doivent garder confiance

« Je crois que, de façon naturelle, le bioGNV va être principalement exploité pour les véhicules lourds et le matériel agricole. Il y a aura un élan massif vers l’électrique pour les véhicules légers. Mais il ne doit pas être exclusif. Tout le monde n’a pas les moyens d’avoir une voiture électrique », met en avant Jean-Luc Fugit. « Je trouverais dommage que tout s’arrête du jour au lendemain. Les constructeurs doivent se rassurer et continuer à proposer en France des voitures particulières et des utilitaires légers qui fonctionnent au bioGNV », conclut-il.


Gaz Mobilité et moi-même remercions Jean-Luc Fugit d’avoir accepté de dégager du temps pour répondre à nos questions.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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1 Commentaire

  1. ChristophePublié le 26/07/2022 à 11:47

    J’aimerai que l’on m’amène les preuves irréfutables qu’en intermodalité avec le TGV, une VE est bien moins polluante qu’une Peugeot 108 (qui fonctionnerait très bien au biogaz issu de déchets). Sachant que par exemple pour faire gare TGV de St Pierre des Corps nord du Mans en aller et retour dans la journée sans recharger, seule une VE de segment C est capable de le faire sans contrainte quand une voiture de segment A thermique sait parfaitement le faire. J’ai plus que des doutes surtout avec une batterie à 100 % au départ et au moins 700 kg de plus sur la balance. Les preuves devront prendre en compte tous les polluants émis et les hiérarchiser en fonction de leur dangerosité. A ce titre, les particules les plus fines devront avoir la pondération la plus forte puisque particule = polluant le plus tueur, sans seuil d’innocuité. Et pour une même taille, les plus dangereuses (parce que par exemple contenant des HAP) devront avoir la pondération la plus forte. Comme j’attends les preuves irréfutables qu’elle est moins climaticide.

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